Stéphanie Ambellié

Publié le : 24 juillet 2024 12:34

Stéphanie œuvre dans le champ de l'alimentation. Elle vise à promouvoir une sécurité sociale alimentaire.

Pour en savoir plus sur la sécu alimentaire.

« L’Apes est un beau laboratoire et observatoire des dynamiques locales »

Quel est ton pedigree ?
Après des études à Dunkerque en gestion de projets culturels, j’ai ensuite travaillé dans le spectacle vivant, mais je me suis rapidement posé la question de mon utilité. J’ai alors bifurqué, passé un CAP menuiserie et me suis lancée dans l’écoconstruction. Devenue maman, j’ai travaillé en médiathèque. J’ai eu « vent » d’un projet d’épicerie solidaire pour les personnes précaires en partenariat avec des producteurs locaux et j’ai rejoint cette aventure. J’ai travaillé à Label Epicerie pendant 7 ans. Il me paraissait important que le projet soit porté par les adhérents et adhérentes, qu’on crée de la solidarité entre consommateurs. Durant cette expérience, j’ai rencontré ATD-Quart Monde, qui m’ont beaucoup apporté. J’ai voulu faire un travail plus approfondi, questionner les inégalités dans l’accès à une alimentation de qualité. J’ai alors croisé la route de la coopérative Tilt, j’y ai vu un espace pour expérimenter des solutions, repenser les règles du jeu.
Je monte mon activité aujourd’hui autour du droit à l’alimentation. Avec cette thématique, on peut tirer beaucoup de fils sur les dominations économiques, sociales, sexistes…
Avec Camille Frazzetta (autre administratrice de l’Apes), j’accompagne des collectifs et collectivités. A Grande-Synthe, un collectif monte une épicerie solidaire ouverte à toutes et tous ; dans le Valenciennois, des épiceries sociales veulent s’ouvrir davantage ; dans le Sud-Artois, les politiques souhaitent avancer sur ces enjeux… Il faut articuler toutes ces dynamiques pour faire système.
Avec la coopérative Tilt, nous travaillons à la construction d'une coopérative plus inclusive et qui prenne en compte la diversité des personnes engagées dans la transition écologique. Il faut sortir de la
stigmatisation qui consiste à faire croire que l'écologie n'intéresse que les bac +5 et autres travaileureuse.es [1] issu.ue. s de milieux hyper privilégiés. Le système doit être repensé pour laisser
une place à des personnes dont l'expérience de vie fait qu'il.elle.s ne rentrent plus dans une fiche de poste, tout en ayant développé des savoirs mal reconnus ou dévalorisés par le monde du travail.

Comment es-tu arrivée à l’Apes ?
Quand je travaillais pour Label Epicerie, on s’est investi dans CoopCircuits, l’un des outils des Plateformes en économie solidaire. On m’a invitée au collectif de l’Apes. J’ai aimé l’esprit de ce réseau, cette ouverture à l’expérimentation. C’est un terreau fertile pour bâtir une société plus juste. Je m’y suis sentie bien, j’avais besoin de cette respiration.
Aujourd’hui, avec l’Apes, je m’implique sur les projets de Sécurité Sociale de l'Alimentation et d’implication des usagers. J’apporte aussi mes contributions aux KPA-cités en région. Les personnes investies y développent des compétences utiles pour la société, mais on ne pourra pas automatiquement les mettre dans une fiche de poste. Comme pour le projet Territoires zéro chômeur de Longue Durée, on part du principe qu’il faut adapter le système à eux, et non l’inverse.

Que représente l’Apes et plus largement l’économie solidaire pour toi ?
C’est un beau laboratoire et observatoire des dynamiques locales. L’Apes mobilise les ressources pour apprendre à coopérer, faire des liens sur les territoires, réfléchit à la manière dont nos richesses peuvent s’articuler pour former un projet global de justice sociale. Ça me nourrit, moi qui ne rentre pas dans des cases.
Beaucoup d’énergie est dépensée dans la concurrence, les comportements individualistes. On va dans le mur, et on continue à avancer aux forceps. Sans l’économie solidaire, le monde ne serait pas vivable, elle devrait être la clé de voûte de notre société. Il y a urgence à amplifier le phénomène.

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