L’autodétermination, de quoi parle-t-on ?

L’autodétermination représente la capacité pour chaque individu de prendre des décisions concernant sa propre vie, sans que des influences extérieures viennent interférer abusivement avec ce processus.

Publié le : 4 avril 2025 09:13

Si ce terme est de plus en plus évoqué dans le champ du handicap, il s’applique en réalité à toutes les sphères de la vie, et tous les contextes. Il s’agit d’un processus par lequel chaque personne peut gouverner sa vie, prendre des décisions et mener des actions visant son bien-être selon ses propres volontés.

Pour une personne accompagnée, l’autodétermination signifie avoir la possibilité d’exprimer ses besoins et ses préférences, puis de voir son environnement s’adapter pour lui permettre d’exercer ses choix en toute liberté. C’est un droit fondamental qui s’inscrit dans une reconnaissance de la dignité inhérente à chaque être humain.

Le droit de toute personne à construire la vie qu’elle souhaite avoir
Coralie Sarrazin, docteure en psychoéducation qui a fait sa thèse sur ce sujet, la définit comme « un ensemble de valeurs individuelles et sociétales dont la visée est de reconnaître le droit de toute personne à construire la vie qu’elle souhaite avoir, à la hauteur de ses aspirations » (extrait de la journée de lancement du projet RAAVI*, 2025). Pour elle, ce pouvoir de décision est avant tout primordial sur ce qui est important pour la personne elle-même. Les laisser s’exprimer sur ce qui a du sens pour elles est donc une étape essentielle, avant la mise en place d’actions favorisant la prise de décision.

Quatre composantes de l’autodétermination sont aujourd’hui identifiées.

  • L’autonomie
  • La personne peut faire des choix, exprimer ce qu’elle préfère, prendre des décisions en fonction de ses valeurs, ses désirs, etc. Elle prend conscience de ses ressources personnelles pour pouvoir se faire aider dans la mise en place de ses projets. Cette autonomie est plus facile à acquérir si l’environnement dans lequel elle évolue collabore, et l’aide à avancer, ne se contente pas de faire à sa place.
  • L’autoréalisation
  • La personne a conscience de ses atouts, mais aussi de ses fragilités, et comprend comment elle fonctionne. Elle accède à la connaissance de soi et est capable de faire les choses par elle-même.

  • L’autorégulation
  • Elle apprend à s’adapter aux situations qu’elle rencontre, elle tire les leçons de ses expériences pour progresser. Elle sait accepter les conséquences de ses choix. En trouvant des solutions à ses problèmes, elle apprend à faire face aux obstacles. Elle est capable d’analyser l’environnement dans lequel elle évolue et ses capacités personnelles avant de prendre ses décisions. Elle détermine ainsi les étapes à réaliser pour faire aboutir son projet.
  • L’empowerment psychologique
  • Elle a conscience de ses compétences et sait faire la différence entre les conséquences liées à ses actions et celles liées à des facteurs indépendants. Elle sait reconnaître ses réussites, mais aussi ses échecs. L’empowerment psychologique participe à la construction de la confiance en soi et permet de découvrir en faisant des expériences.

De nombreux facteurs permettent de favoriser cette démarche, mais parmi eux, deux sont incontournables :

  • accompagner l’apprentissage, pour que la personne se sente le droit et la capacité d’« essayer », de faire des erreurs, de se relever
  • et travailler sur l’environnement de la personne, dans sa globalité (famille, accompagnateurs institutionnels ou particuliers, école, cadre professionnel, etc.)

Permettre à chacun.e de participer à la société en tant que citoyen

C’est cette approche écosystémique que promeut l’Unapei, mouvement national de défense des droits des personnes avec troubles du neurodéveloppement. D’après ce réseau associatif, le pouvoir de décider pour soi-même est un apprentissage qui se travaille, idéalement depuis le plus jeune âge, et ce dans toutes les sphères de la vie quotidienne.

Ce réseau associatif a pour ambition de généraliser la démarche d’autodétermination dans chacune de ses actions, en précisant qu’« accompagner les personnes handicapées à devenir ce qu’elles ont envie d’être, avec un soutien adapté, c’est permettre à chacun de participer à la société en tant que citoyen » (unapei.org).

Ainsi, au dela du bien être des personnes et de l’amélioration de leur qualité de vie, ce travail s’inscrit dans une reconnaissance des droits et des libertés de chacun, et en particulier le droit pour chaque être humain de gouverner sa vie.

https://www.unapei.org/actions/autodetermination-concept-pratique/

*Le projet européen RAAVI (Repenser l’Autodétermination ; Agir pour une Vie Inclusive), porté par APF France Handicap et inauguré officiellement le 20 mars dernier à Villeneuve d’Ascq, vise à développer une culture commune transfrontalière dans laquelle l’autodétermination et le respect des droits deviendraient un principe fondamental de l’accompagnement médico-social

https://www.pourlasolidarite.eu/fr/project/raavi-autodetermination-et-handicap

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