[COVID-19] La tribune de notre Président, Luc Belval
Modestes et ambitieux

La crise du coronavirus remet en cause nombre de certitudes économiques ou politiques, notre modèle de développement, nos façons de vivre et de travailler alors que l’utilité des services publics réapparaît au grand jour. Et pourtant, comparé à la crise écologique qui perdure, aux mutations sociales en cours et à l’accroissement des inégalités un peu partout dans le monde, l’épreuve actuelle n’est peut être qu’une entrée en matière de ce qui nous attend.

On a pu lire que le nombre de morts en Chine, selon les chiffres officiels, dû au Covid19 est bien moins important que celui imputable à la pollution et évité par la limitation des déplacements et la mise à l’arrêt de pans entiers de l’économie. Pour les mêmes raisons, on constate que la biodiversité se redéveloppe dans les zones les plus urbanisées. On peut multiplier les exemples mais il est patent que le modèle de développement productiviste et la recherche de lucrativité montrent à tous leurs limites. Il nous faut maintenant nous projeter dans « le jour d’après », de l’après Covid19 mais aussi de la transition écologique et solidaire.

Ne nous leurrons pas, nous verrons refleurir les vieilles recettes du produire et du consommer toujours plus et n’importe quoi, nous verrons revenir la course aux déplacements et les revendications de moins de contraintes sociales et environnementales pour créer de la richesse - mais quelle richesse ? - et des emplois - mais quels emplois et pour quoi faire ? Bien sûr, les nombreuses initiatives de solidarité qui se développent ici et là sont encourageantes mais pour nécessaires qu’elles soient, elles ne seront pas suffisantes. Soyons modestes mais aussi ambitieux.

L’Apes souhaite prendre toute sa place dans le débat public et le mouvement pour la transformation écologique et solidaire. Plus que jamais, il nous faut conjuguer actions et prise de parole. En se situant clairement pour une transformation économique, écologique, démocratique et sociétale, l’Apes fait le choix de l’action pour une économie au service de l’utilité sociale, de l’émancipation et de la prise de parole de la société civile dans le débat économique et politique. L’économie sociale et solidaire devra passer des alliances et faire preuve d’humilité mais aussi de détermination, être ferme sur ses valeurs mais ouverte et à l’écoute des mouvements citoyens en ayant le souci constant de faire avec les habitants.

Ancrée dans le réel à travers ses adhérents, prenant en compte la diversité de l’économie à travers celle de ses membres, l’Apes se veut un mouvement ouvert, recherchant des coopérations avec les collectivités locales, les acteurs de l’économie locale dans leur diversité et la société civile, les habitants, car nous croyons à l’importance des territoires pour développer l’économie réelle, les réseaux de solidarité, le lien social et la citoyenneté. Plus que jamais, il nous faut affirmer notre volonté d’être un lieu de convergences et de débats se situant dans la tradition de l’éducation populaire.

La proximité est inhérente à l’ESS mais l’action locale n’a de sens que resituée globalement. Pour l’Apes, il est indispensable de confronter nos actions et celles de nos membres et partenaires à une réflexion plus globale. C’est le sens de notre adhésion au niveau national au MES (Mouvement pour une Economie solidaire) et au nivau international (RIPESS Europe) comme c’est le sens des actions menées avec nos partenaires de la solidarité internationale. En liant le local et le global, nous inscrivons l’action de l’Apes dans les objectifs de développement durable des Nations Unies.

Pour répondre collectivement à l’immense chantier de la transformation écologique et sociale, nous invitons nos adhérents et nos partenaires à pérenniser et à développer ensemble les solutions de l’ESS pour des territoires résilients.

président Apes Luc Belval economie sociale et solidaire
président Apes Luc Belval economie sociale et solidaire