Journée ressource-AG 2019 : le compte-rendu des échanges

Sur la forme, cette journée, qui a attiré plus de 80 personnes, dont de nombreux nouveaux venus, a favorisé les échanges et la participation de chacun grâce à divers outils : marche dialoguée autour du lac, animation de Martin Boutry favorisant les échanges en prenant son temps et dans le non-jugement, discussions en petits groupes…

Sur le fond, on a pu aborder le thème-phare de la transition écologique et solidaire sous divers angles : individuel avec les pratiques que chacun peut mettre en place, collectif avec l’implication des organisations de l’économie solidaire, coopératif avec les partenariats développés entre acteurs pour aller dans le bon sens. Des acteurs de terrain ont témoigné de leur démarche dans différents champs d’activités (économie circulaire, transition industrielle, alimentation).

On a pu rêver l’utopie avec un atelier « On arrête tout, qu’est-ce qu’on redémarre ? » animé par Cliss 21. La dimension politique n’a pas été oubliée avec la présentation d’un texte issu des travaux de membres du collectif de l’Apes interpellés par l’évolution de notre société vers le libéralisme et le mouvement des gilets jaunes. Ce texte a requestionné la place et la responsabilité de l’économie solidaire, il a affirmé l’importance d’enclencher un mouvement de la base pour interpeller les politiques et penser l’après-capitalisme en partant de nos expériences.

Au final, cette journée a permis d’ouvrir des perspectives de chantiers qui restent à creuser. « La question de l’utilité sociale et de sa reconnaissance (évaluation?) ainsi que la définition de l’animation territoriale à la sauce Apes, dixit Luc Belval, notre Président. La dimension environnementale< trouve de plus en plus sa place dans les pratiques de l’ESS et l’Apes entend bien appuyer ce mouvement en étant aux côtés des acteurs et des territoires. Sans omettre l’importance de continuer à mener, critiquer, améliorer toutes ces expérimentations qui, dans un environnement en bascule, construisent peu à peu un monde nouveau, résilient, inspirant.

Avis aux amateurs souhaitant prolonger les réflexions ébauchées en organisant d’autres temps de rencontre dans l’année. Contactez-nous !

Pour écouter le reportage sur l'AG réalisé par micro rebelles, cliquer ici.

Crédits Alexis-Franck Mbea
Crédit Alexis Franck Mbea
Luc Belval, Président de l'Apes : "On a raconté des histoires individuelles et collectives."

« Cette journée a été dynamisante pour moi, cela m’a donné envie d’aller de l’avant. Elle a permis de rassembler une diversité d’acteurs au-delà du cercle habituel des adhérents, et je m’en réjouis. On a accueilli les gens dans leurs différences, on s’est écoutés. S’il n’y a pas eu de gros débats ni de travail sur une parole commune, on a pris le temps de dire qui on était, ce qu’on faisait, on s’est expliqués, on a raconté des histoires individuelles et collectives. C’est important, dans la mesure où la transition écologique requiert des changements de modes de vie des individus et des changements collectifs.
J’ai apprécié lors de l’AG qu’on parle de ce que fait l’Apes, mais aussi de ce qu’elle met en œuvre avec/chez d’autres organisations et de ce que font ses membres. Je voudrais aussi souligner la qualité de contenu et de vulgarisation des documents qui ont été diffusés, le rapport d’activités comme le rapport moral, on a franchi un cap  Et enfin, j’ai trouvé intéressante la présentation des comptes à 2 voix, par la trésorière et par l’expert-comptable, cela a apporté un plus. »

 

Crédit Alexis Franck Mbea
Témoignages de grands témoins
« L'ESS qui innove est un moyen pour aller vers ce monde à  inventer. »

Alexandre Garcin, adjoint au maire de Roubaix

Atelier transition industrielle et économie circulaire

« J’aime cette formule « Il faut prendre le choses à contre-sens pour aller dans le bon sens ». Il faut sortir de l’économie classique basée sur la concurrence et la consommation, l’incitation à produire moins cher. Pour Roubaix, qui cherche à construire un modèle d’économie circulaire, l’ESS qui innove est un moyen pour aller vers ce monde à inventer, où la transition écologique à toute sa place. L’ESS a cette capacité à coopérer, à faire avec les parties prenantes et les territoires. Alors que les recettes traditionnelles ne fonctionnent plus dans un monde qui n’est plus d’abondance, de nouveaux modèles économique émergent qui reposent sur l’innovation sociale et répondent à des enjeux liés à l’emploi, ils doivent être soutenus. Les territoires ont intérêt à mettre en lien les acteurs qui vont dans ce sens et les autres. Je pense à ces structures qui récupèrent du bois pour faire des meubles (Fibr’and co), font des ceintures à partir de pneus de vélos (La vie est belt), ou commercialisent des lunch boxes consignées (Niiji). »

Crédit : Alexis Franck Mbea
« L'ESS doit propager ses bonnes pratiques, comme la gouvernance partagée. »

Sébastien Deviers, directeur développement économique Communauté de communs du Pévèle Carembault

Atelier transition énergétique

La transition énergétique pose la question des vrais besoins. Des initiatives comme Citiz (voiture partagée) ou Solis (solaire collectif) donnent des réponses à des problèmes collectifs, ce que ne font pas les autres acteurs économiques.

Mais cela prend du temps. Le partenariat entre la collectivité publique et acteurs se développe dans la durée, la collectivité se doit d’être prudente et de se donner le temps de l’évaluation.

La solidarité n’est toutefois pas l’apanage de l’ESS. D’autres acteurs se mobilisent (ex : le supermarché local qui lutte contre le gaspillage alimentaire). L’ESS doit s’ouvrir à ces acteurs là, propager ses bonnes pratiques, qui peuvent intéresser l’économie classique. Celle-ci peut être amenée vers l’économie circulaire. Il faut aller vite et massivement vers cette sobriété énergétique.

Pévèle Carembault cherche à initier de nouveaux modèles économiques, et à ‘’massifier’’ ces phénomènes qui partent d’initiatives individuelles en aidant à diffuser les bonnes pratiques. L’enjeu est d’embarquer toute la société vers des solutions quant aux impacts sur la nature des activités humaines.

Nous développons un projet Pévèle circulaire, qui sera matérialisé par la création d’une maison de l’économie circulaire, la Passerelle, bâtiment majoritairement construit en paille et en bois (voir https://www.pevelecarembault.fr/la-passerelle/). Nous travaillons également avec des organisations belges qui, « même en étant de l’ESS, n’ont pas de pudeur à gagner de l’argent».
« L'ESS peut s'allier avec les start up de territoire »

Isabelle Wisniewski, chef de projet Euralimentaire

Atelier transition agro-alimentaire

« En matière de transition agro-alimentaire, il faut de plus en plus valoriser les ressources locales : le sol, les hommes, le bâti. On peut organiser partout des micro-territoires autour du manger local

L’ESS a la capacité, l’énergie d’animer les acteurs d’un territoire (les habitants - et pas seulement en tant que consommateurs-, les producteurs …), et il faut le faire et cela réussira sous plusieurs conditions.

- Il faut ne pas faire de l’exclusion et s’attacher à rendre l’alimentation bonne et saine accessible à tous.

- Les nouveaux modèles économiques doivent tendre à réduire le nombre d’intermédiaires, et en alimentaire il y en a beaucoup !

- Les producteurs innovants veulent agir sur le monde. Mais les start-up du secteur n’ont souvent qu’un produit consommable à proposer et à diffuser via les circuits de distribution habituels, elles n’ont pas des finalités larges comme l’ESS. Il faut aller au-delà et faire en sorte que l’alimentaire agisse aussi sur la réparation globale : reconstituer les sols, réduire le gaspillage…

Dans le projet métropolitain Euralimentaire, l’ESS a un rôle à jouer : aider les porteurs de projets à avoir une vigilance sur l’environnement. L’ESS doit leur permettre de créer des liens avec les territoires et le fera bien mieux que les autres acteurs (grande distribution, industrie agroalimentaire…). »

TEMOIGNAGES DE PARTICIPANTS
«Favoriser la création d'une culture commune »

Martin Boutry, animateur de la matinée

« Dans l’animation, l’objectif était de créer un espace pour organiser les coopérations, les rencontres, qui se font d’habitude de façon informelle (ou pas). Avec la marche dialoguée en trio, on a mis tout le monde sur un pied d’égalité et chacun a pu prendre son temps. L’idée était de créer un climat de confiance dans un environnement verdoyant où l’on pouvait parler de soi et de son propre cheminement vis-à-vis de la transition écologique et solidaire.

Avec la constellation, on a voulu permettre aux organisations de se situer physiquement dans leur rapport à des pratiques (réduction de déchets, économies d’énergie, numérique…) et d’en discuter avec d’autres, tout en suspendant le jugement vis-à-vis de soi et des autres. Tout cela participe à la création d’une culture commune de l’économie solidaire. »

« L'Apes défriche...»

Pauline Casalegno, association « Elevages sans frontières »

« J’ai trouvé cette journée globalement très chouette : le cadre était sympa, l’animation originale et j’ai rencontré une diversité d’acteurs, cela était riche. J’ai bien aimé le jeu des constellations : cela nous a interpellé collectivement sur des thèmes qu’on n’a pas forcément creusés. C’est relié à la démarche progrès. L’Apes défriche des sujets, et cela donne du sens. Je pense réutiliser cet outil dans mon association.

J’ai aussi apprécié d’écouter des témoignages d’acteurs sur la transition alimentaire, même si j’ai été un peu frustrée qu’il n’y ait pas eu plus de temps pour réagir. »

 

Crédit : Alexis Franck Mbea
« Inspirante et ressourà§ante »

Olivia Mailfert, salariée Apes

« Les animations du matin ont permis d’aérer l’esprit et de favoriser la créativité. Ils étaient bien adaptés pour travailler cette question : comment impulser des comportements qui vont changer la société ? Il y était question de la nécessité de transformations personnelles pour faire bouger les lignes collectivement. Des trajectoires individuelles exemplaires peuvent donner envie, et polleniser. L’atelier animé par Cliss 21 (« on arrête tout, qu’est-ce qu’on recommence à produire ? ») a permis de réfléchir sur ce qu’on trouvait essentiel pour vivre. Ca a demandé un changement de repères, une capacité à inventer, à se tourner vers l’utopie. Au final, j’ai trouvé la journée inspirante et ressourçante. »